Le Maroc aurait pu se passer d’un tel classement. Elle est d’ailleurs faible dans la première édition du rapport « Readiness for the future of production 2018 » édité par le World Economic Forum. Ce document a pour objet d’évaluer la capacité des économies mondiales à bénéficier des changements intervenus dans leurs structures de production à travers la quatrième révolution industrielle.
Vers la 4ème révolution industrielle au Maroc ? La première édition du rapport du Forum économique mondial « Préparer l’avenir de la production 2018 » fait état d’une mauvaise conjoncture dans le pays. Elle fait partie des 58 pays (sur 100) où la structure de production est limitée et où les perspectives d’adaptation aux défis de l’industrie 4.0 sont plutôt peu prometteuses. Le Maroc fait partie de la dernière catégorie dite « Pays émergents », où sont cotés 90% des pays d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Eurasie inclus dans le rapport, préparé avec la collaboration du Cabinet A.T.. Kearney.
Le document disponible uniquement en anglais a été classé selon deux critères : (1) la structure de production, qui évalue le niveau et la complexité de la production d’un pays et où le Maroc se classe 77ème ; (2) les 6 facteurs de production, qui permettent à un pays de bénéficier de la quatrième révolution industrielle, et qui ont valu au Royaume la 73ème place.
Ces six facteurs où le Maroc n’excelle pas sont le capital humain (94e), les ressources durables (82e), le commerce mondial et l’investissement (65e), le cadre institutionnel (65e), la technologie et l’innovation (56e) et la demande (53e). Globalement, sur les 59 indicateurs du classement, le Maroc est en difficulté avec les notes. Il se classe avant-dernier en termes de « pensée critique » dans l’éducation, 97e en termes de durée moyenne des études, 89e en termes de participation des femmes à la vie active et 75e en termes de compétences numériques. Cela explique sa piètre performance en matière de capital humain. Sur le plan des ressources durables, le Maroc a également du mal à se défendre (82e). Elle se classe 74ème en termes d’intensité de CO2 (émissions de CO2 par habitant par rapport au PIB par habitant) et 85ème en termes de stress hydrique. En ce qui concerne le cadre institutionnel, les experts du rapport mettent l’accent sur l’incidence de la corruption dans le pays où elle se classe 66ème. Sans compter la prévalence des barrières non tarifaires (85e) et la faible efficacité réglementaire (80e). Sur le plan de la performance des infrastructures, l’électricité se classe 74e et la logistique 78e. En revanche, le Maroc est plutôt bien positionné en ce qui concerne la contribution de la valeur ajoutée industrielle à l’économie nationale (37e), les perspectives de l’Etat (33e) et les investissements en sites vierges (38e). Le rapport énumère également les technologies de l’avenir dans lesquelles les pays devraient se positionner pour tirer parti de l’émergence de l’industrie 4.0. Il s’agit notamment de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la réalité augmentée, des objets connectés, de la neurotechnologie et des technologies spatiales. Le rapport souligne également la nécessité de se spécialiser dans les technologies de la chaîne de blocs, basées sur les systèmes cryptographiques, la capture, le stockage et la transmission d’énergie, sans parler des nanomatériaux et des nouvelles technologies de l’information comme l’informatique quantique et biologique.
Il est à noter que le Japon est le leader mondial en termes de structure de production, tandis que les Etats-Unis sont les plus aptes à tirer parti de la quatrième révolution industrielle.